4 livres à glisser dans sa valise cet été

4 livres à glisser dans sa valise cet été

Depuis très longtemps les vacances d'été sont pour moi synonymes de moments de repli que je chéris beaucoup. Adolescente, je passais déjà de longues parties de mes journées seule, à lire, à pédaler l'esprit libre quand je rejoignais de part en part mes brocanteurs préférés aux quatre coins de l'Ile de Ré, à ne rien faire, à noter les mots intéressants que je glanais avidement au fil de mes lectures puis à essayer de les utiliser : pleutre, morigéner, janséniste (il était dur à placer celui-là!), mirifique,... Et si je passais finalement très peu de temps avec mes pairs, je peux dire avec certitude que j'ai partagé de merveilleux souvenirs d'été avec mes livres!

Les mots ont donc pris l'habitude de composer le ciel de mes soleils de juillet et d'août.
Les années qui passent et le temps (verum tempus!) qui devient denrée rare à l'âge adulte n'ont en rien entaché le plaisir de ces retrouvailles annuelles avec les mots. Encore mieux, le rituel devenu immuable, est on ne peut plus réconfortant.

Voici donc quelques compagnons de route pour les semaines estivales, j'espère qu'ils vous emmèneront ailleurs que vous partiez ou non.

 

Pierre, Christian Bobin

«Je me moque de la peinture. Je me moque de la musique. Je me moque de la poésie. Je me moque de tout ce qui appartient à un genre et lentement s’étiole dans cette appartenance. Il m’aura fallu plus de soixante ans pour savoir ce que je cherchais en écrivant, en lisant, en tombant amoureux, en m’arrêtant net devant un liseron, un escargot ou un soleil couchant. Je cherche le surgissement d’une présence, l’excès du réel qui ruine toutes les définitions. Je cherche cette présence qui a traversé les enfers avant de nous atteindre pour nous combler en nous tuant.»

 

Porca Miseria Tonino Benacquista

« Les mots français que j’entends ma mère prononcer le plus souvent sont cholestérol et contrariété. Je m’étonne qu’une femme ayant tant de mal à amadouer sa langue d’adoption puisse connaître deux termes selon moi si savants. Contrariété l’emporte de loin. Elle finit par se l’approprier comme s’il la débarrassait du devoir d’aller mieux, et qu’une fois prononcé, rien ne l’obligeait à développer, tout était dit, contrariété.
Les soirs où l’affrontement avec son mari devient inévitable, elle assène le mot ruine, en italien, c’est la note la plus aiguë de son lamento, la rouiiiina, dont le sens est sans équivoque : c’est l’émigration, le départ maudit, la faute originelle, la source de tous ses maux, la contrariété suprême. »

En 1954, la famille Benacquista quitte l’Italie pour s’installer en banlieue parisienne. Les parents, Cesare et Elena, connaîtront le sort des déracinés. Dans ce bouleversant récit des origines, leur petit dernier, Tonino, restitue avec fantaisie cette geste. Il raconte aussi les batailles qui ont jalonné sa conquête de la langue française.
Avec Porca miseria, Tonino Benacquista trace la lumineuse trajectoire d’un autodidacte que l’écriture a sauvé des affres du réel.

 

Sans départir Diane de Beauvau-Craon

« J’avais 21 ans, j’étais seule avec Andy Warhol à la Factory. Il me lance : ''Diane, tu dois te mettre à écrire ton journal'', je le regarde  : ''Je n’ai que 21 ans, j’ai déjà un pied dans la tombe, tu veux que j’y mette les deux  ?'' Réponse de Andy : ''Just do it.'' »
 
Quitter le luxe de l’avenue Foch, les dorures des châteaux lorrain et portugais, les jardins à l’anglaise, les dizaines de domestiques, les robes à smocks et autres excentricités aristocratiques familiales  ? Il en faudrait plus pour effrayer Diane, la petite dernière des princesses Beauvau-Craon, qui débarque dans un New-York en pleine effervescence artistique.
Bien décidée à mener une existence hors du commun, elle devient à 18 ans, en 1973, l’apprentie de Roy Halston, le Yves Saint Laurent américain, avant de créer elle-même sa collection de vêtements. Très vite, elle est l’une des plus étonnantes figures du milieu underground new-yorkais. Ivre de vin blanc et de cocaïne, elle écume les boîtes de nuit en compagnie de Warhol et Mapplethorpe, avec qui elle se lie d’amitié. De la Factory au Studio 54, en passant par les grands défilés de mode, elle côtoie tous les artistes mythiques des années 1970-1980  : Mick Jagger, John Lennon et Yoko Ono, Margaux Hemingway, Diana Vreeland, Timothy Leary... Dans cet univers de paillettes et d’acide, Diane vit à cent à l’heure.
De rencontres exceptionnelles en péripéties romanesques, des affres de la dépendance aux années sida, Diane de Beauvau-Craon dresse le portrait d’une époque libre. Sans départir sont des mémoires généreux où le faste ne va pas sans légèreté. Une ode à la vie, pleine d’humour et de tendresse pour un monde aujourd’hui disparu.

 

Madame Pylinska et le secret de Chopin Éric-Emmanuel Schmitt

Madame Pylinska, aussi accueillante qu'un buisson de ronces, impose une méthode excentrique pour jouer du piano : se coucher sous l'instrument, faire des ronds dans l'eau, observer le vent, écouter le silence, faire lentement l'amour... Au fil de ses cours, le jeune Éric-Emmanuel apprend bien plus que la musique, il apprend la vie.
L’œuvre de Chopin donne-t-elle un sens à l’existence ? Aidera-t-elle le narrateur à comprendre son chemin, et saisir le secret bouleversant d’une personne aimée ?